Après un cru 2017 célébrant les 10 ans de la gamme Modular Building / Creator Expert, à grands coups de clins d’oeil aux précédents bâtiments mais avec un style architectural finalement assez passe partout, LEGO revient à un bâtiment beaucoup plus typé : un Diner américain tout droit sorti des années 50, sous la référence LEGO 10260 Downtown Diner (2480 pièces, 159,99€).
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les couleurs ne passent pas inaperçues : rose, blanc et surtout Teal, le bleu-vert canard qui avait disparu de la circulation depuis plusieurs années (les plus anciens se rappelleront notamment de sa présence dans la gamme Power Miners Rock Raiders par exemple, ou dans le sous-thème LEGO Technic Competition).
Cette gamme Modular est le fleuron du savoir-faire LEGO. Que de chemin parcouru comparé aux petits bâtiments simples et sans fond pour faciliter la jouabilité ! Chaque année, LEGO propose un bâtiment complet réaliste, avec une architecture travaillée, des détails soignés comme jamais, et des techniques de construction qui en font à chaque fois une belle expérience. Et une expérience originale, parce que même si le Millennium Falcon UCS est impressionnant, LEGO existait bien avant de consacrer la moitié de son catalogue aux licences. Et c’est la gamme qui m’a fait ressortir du Dark Age, donc autant dire que j’attends toujours impatiemment chaque nouveau Modular !
Avec un sacré challenge en face pour LEGO : être capable de se renouveler chaque année et donner l’impression de proposer toujours mieux. Réussi ?
Merci à LEGO qui m’a envoyé un exemplaire de ce set pour cette review. Même si, comme pour n’importe quelle review sur HelloBricks, ça reste l’expression de mon opinion personnelle.
La révolution des minifigs
Avant de commencer, le gros tournant dans l’histoire des Modular Buildings : les visages classiques qui accompagnaient tous les sets de la gamme jusqu’à présent font place aux visages expressifs. Aucune communication officielle dessus (et ce n’est pas faute d’avoir demandé) à part un « Oui bon bin au bout de 10 ans on a le droit de changer d’avis, et puis ils sont chouettes les visages actuels ». Ok. Super. Merci. Après tout LEGO fait bien ce qu’il veut.
Je sais que certains regretteront les vieilles têtes, mais en même temps il sera par exemple plus facile d’y intégrer les figurines des séries de Minifigs à collectionner. Et puis comme personnellement je remplaçais les visages… ça me fera gagner du temps ! (même si ça me manquera un peu de ne plus chercher quel visage mettre à quel personnage)
Six figurines au menu : un chef cuistot, une serveuse sur patins à roulettes (tiens, celle de la série 11 des minifigs à collectionner sera impeccable aussi ici pour lui tenir compagnie), un boxeur chevelu et moustachu (sacré style lui !), une star du rock (sa tête marchera aussi pour une saynète « Je me suis tapé le marteau sur le doigt »), et – d’après la description officielle – une « responsable » et une « bodybuildeuse » (le traducteur chez LEGO est toujours aussi mauvais…).
Le chanteur reprend la tenue à paillettes de Robin du set The LEGO Batman Movie 70908 The Scuttler, sans le nÅ“ud papillon. Mention spéciale pour le boxeur, parfaitement dans le jus de l’époque.
Je trouve qu’on gagne un peu en qualité à ce niveau depuis quelques Modulars, quand les premiers recyclaient toujours les mêmes torses !
Place à la construction. Je vais essayer d’éviter de rentrer trop dans le détail des techniques utilisées : ce serait spoiler la construction et gâcher une partie du plaisir !
Rez-de-chaussée : pour rejouer Grease ou la scène du Diner de Pulp Fiction
Beaucoup de films ou séries ont utilisé un Diner comme décor, mais si je mets de côté Grease, le premier qui me vient à l’esprit est Pulp Fiction avec la discussion tarantinesque entre John Travolta et Samuel L. Jackson. Mythique.
Le rez-de-chaussée a un côté un peu laborieux avec l’aménagement du carrelage noir et blanc, mais il faut avouer que le résultat vaut le coup (et c’est quand même beaucoup plus rapide à faire que la base du set Ninjago City, pour ceux qui l’ont montée…). C’est propre, et ultra typique avec les banquettes arrondies rouges, le Jukebox, le distributeur de bonbons, et le gros comptoir qui sépare les fourneaux de la salle.
Le nombre de places à l’intérieur est assez limité (et il y a une banquette qui ne donne sur aucune table…), mais cela évite le côté inaccessible du Old Fishing Store par exemple : on a place de circuler, et LEGO a d’ailleurs prévu quelques tenons apparents au sol (et sur le trottoir) pour pouvoir y fixer les minifigs. Pas sur les banquettes, mais cela aurait été au détriment de leur design arrondi donc aucun regret. Bonne idée aussi d’avoir équilibré le Teal avec le blanc !
Principal regret côté cuisine : LEGO aurait pu mettre à cuire des œufs sur le plat aussi pour accompagner le bacon et les pancakes, maintenant que la pièce tampographiée existe dans le set The LEGO Batman Movie 70920 Egghead Mech Food Fight. Et je me demande un peu où ils font la vaisselle et où ils rangent la nourriture, la cuisine est nettement moins bien équipée que celle du Restaurant parisien.
Vu la place qu’il reste à l’arrière, le rez-de-chaussée aurait sans doute mérité d’être un peu agrandi pour avoir un aménagement un peu plus fourni.
Sinon le signe Diner est étonnamment solide : j’avais peur d’un résultat hyper fragile, mais il est intelligemment ancré dans le toit du rez-de-chaussée.
Et la porte vitrée est tampographiée (zéro sticker comme – presque – toujours) :
Bref, un rez-de-chaussée qui fait plaisir à voir même si il aurait pu être plus abouti, c’est spacieux et délicieusement rétro. Et, chose que j’apprécie toujours, je n’ai pas eu l’impression de construire un modèle déjà vu 20 fois avant. A noter les tiles 2×2 tampographiées sur le mur : ce sont les mêmes étoiles que celles du Palace Cinema.
Premier étage : Eye of the Tiger
Le premier étage est une petite salle de sport, accessible depuis l’escalier extérieur. Un ring de boxe, un banc de musculation et un sac d’entrainement, on est loin du Club Med Gym mais il aurait été difficile d’en caser davantage. Ça fait le job et vous pourrez vous amusez à rejouer Rocky.
Un regret quand même : LEGO aurait pu faire l’effort de mettre un second boxeur dans le set : avoir un ring de boxe mais pas d’adversaire, ça fait cheap.
A noter également ci-dessus l’escalier en colimaçon : une petite merveille d’ingéniosité, je me demande où le designer est allé chercher celui-ci !
Et l’un des points qui avait beaucoup fait discuter lors de la sortie des premiers visuels : la façade, avec une approche intéressante pour reproduire un motif de briques différemment de ce qu’on a connu jusqu’à présent, avec des tiles fixées sur une plaque positionnée verticalement. C’est propre, c’est nouveau, et ça passe au millimètre. L’un des multiples moments pendant la construction où on se dit « c’est quand même vachement bien fait les dimensions des pièces LEGO, on dirait que rien n’est jamais laissé au hasard » !
Second étage : prêt pour l’Eurovision
Le dernier niveau est un studio d’enregistrement, avec des panneaux acoustiques dans la pièce dédiée (pas sûr par contre que la grande baie vitrée de l’autre côté de la pièce reçoive la validation des professionnels du sujet, mais au moins il y a une belle vue comme ça !). Si il y avait déjà un étage « musique » dans l’Assembly Square, le petit studio a l’avantage d’être original et de nous offrir le chanteur de rockabilly qui est parfaitement dans le thème 50’s. Mais c’est quand même service minimum…
LEGO aurait pu marquer un peu plus le thème avec une ou deux guitares au mur par exemple ou un peu plus de contenu : peu de mobilier ou de déco à monter ici (le disque et la pochette d’album sont tampographiés), ce qui en fait un étage pas forcément passionnant à assembler, même si quelques techniques intéressantes viennent pimenter le tout (les petites fenêtres circulaires à côté du balcon par exemple, elles m’avaient interpellé dès les premiers visuels et je n’ai pas été déçu !).
Notez les nouvelles feuilles qu’on retrouvera aussi dans la gamme Friends, j’aime beaucoup ! De quoi apporter un peu plus de variété encore à ceux qui recréent de la végétation. Et les fleurs à cinq pétales sont également une nouveauté de l’année, qu’on obtient déjà en trois couleurs différentes dans ce set.
Pour le reste, la conception du second étage est très proche de celle du premier, à quelques détails près comme le mini balcon ou le gros arrondi de la façade qui dépasse.
Le toit permet de finir proprement le bâtiment, avec comme à chaque fois une petite technique intéressante pour les corniches. Ceux qui ont une hauteur limitée dans leur bibliothèque pourront toujours faire sauter l’antenne (grosso modo 34cm de haut avec l’antenne, 27cm sans, j’anticipe les questions que je reçois ^^).
Le tour du propriétaire
Visuellement, ce Modular Diner est très réussi : un style complètement à part, mais qui s’inscrit très bien par exemple entre le Palace Cinéma et le Detective’s Office pour une ambiance US rétro. Architecturalement, une belle dynamique : horizontalement avec le rez-de-chaussée et sa jolie vitrine toute en courbes, et verticalement avec la façade Teal qui semble traverser les étages. Et un bel équilibre des couleurs.
L’arrière est plus sobre, comme d’habitude. Et en rajoutant un petit trottoir à gauche, je suis sûr qu’on peut très facilement transformer ce bâtiment « normal » en bâtiment d’angle.
Pink Cadillac
Dernier élément : la voiture. Deux bâtiments de la gamme Modular Buildings ont eu droit à un véhicule, et ce n’était pas forcément une réussite. Cela allait de moyen (la voiture de pompier vintage de la Fire Brigade 10197) à franchement moche (la limousine du Palace Cinema 10232, ridiculement mal proportionnée). On pouvait donc avoir peur.
Et finalement, bonne surprise : elle ressemble à une Pink Cadillac un peu chibi, avec un style qui n’est pas sans rappeler celui des voitures de la gamme The Simpsons. Pas forcément ultra réaliste donc, mais cela passe beaucoup mieux que la limousine qui chez moi n’a même pas eu le droit de rester ! Avec en prime la possibilité d’y installer 3 figurines, bien mieux que 95% des vehicules LEGO.
Je valide, ça rentre parfaitement dans le thème et pour une fois je ne me suis pas dit « rhaaaaaaaa ils auraient mieux fait de garder les pièces et le budget pour autre chose ».
Verdict : j’aime !
Une réussite ! J’avais peur de m’ennuyer sur un Modular après l’expérience Ninjago City, mais j’ai au contraire été heureux de retrouver un bâtiment plus réaliste.
Difficile de trouver des gros défauts au set, même si il n’est pas parfait : le rez-de-chaussée est superbe mais un peu trop simpliste, les couleurs très bien choisies et on obtient un joli bâtiment qui montre qu’après 10 ans les designers LEGO arrivent encore à se renouveler. Comme souvent, on aimerait encore plus de détails à l’intérieur et le second étage est un peu une répétition du premier, mais il y a suffisamment de techniques intéressantes et innovantes durant l’assemblage pour maintenir l’intérêt à un niveau élevé. La voiture est la cerise sur le gâteau, elle est parfaitement dans le thème, c’est bien joué.
Et détail non négligeable : même si ce n’est pas vraiment la fonction première de ces sets (vu la cible plus adulte qu’ils visent), rarement Modular m’aura paru aussi jouable : il y a de la place, et de la matière pour imaginer des histoires.
Bref, un grand oui !
Vous pouvez retrouver ce set LEGO 10260 Downtown Diner en LEGO Store et sur la boutique en ligne officielle LEGO. N’hésitez pas à passer par ce lien pour soutenir le blog, c’est fortement apprécié !