Regardons de plus près aujourd’hui le nouveau set LEGO Icons 10341 NASA Artemis Space Launch System (3601 pièces, 259,99€) qui sera disponible à partir du 15 mai 2024. J’ai aussi eu l’opportunité d’interviewer la semaine dernière le designer de ce set, Hans Burkhard Schlömer, l’occasion d’inclure quelques informations bonus dans cette review.
Les fans de conquêtes spatiales sont décidément gâtés, après notamment les sets Ideas 21309 / 92176 NASA Apollo Saturn V (2017), Creator Expert 10266 NASA Apollo 11 Lunar Lander (2019), Ideas 21321 International Space Station (2020), Icons 10283 NASA Space Shuttle Discovery (2021) et Technic 42158 NASA Mars Rover Perseverance (2023). Et il y aura aussi en août 2024 le gros rover lunaire Apollo 17 42182 NASA Apollo Lunar Roving Vehicle qui vient d’être dévoilé.
Comme le nom du set le rappelle, nous abordons ici le programme Artemis, dont l’objectif pour la NASA est de ramener un équipage sur le sol lunaire d’ici 2026. Le sujet avait déjà fait l’objet d’un playset LEGO City intéressant en 2022 avec la référence 60351 Rocket Launch Centre, déjà un partenariat officiel avec la NASA inspiré de ce programme, mais nous passons ici dans la catégorie supérieure avec un modèle LEGO Icons à exposer.
Et le résultat est franchement sympathique : avoir également la base de lancement apporte une tout autre dimension au modèle. Je sais que vous étiez nombreux à regretter l’absence de pas de tir pour accompagner le set 21309 / 92176 NASA Apollo Saturn V, même si il aurait été absolument énorme vu l’échelle de la fusée, et LEGO a donc choisi ici une taille plus raisonnable afin de pouvoir correctement aborder le sujet : la fusée ne mesure « que » 60 cm de haut, contre plus d’un mètre pour sa grande sÅ“ur.
L’échelle exacte a surtout été définie par deux points clés au niveau de la fusée : le diamètre des boosters, en trois tenons de large, et la pièce dark orange conique en haut du lanceur SLS Block 1. Cette pièce a été créée en 2022 et n’avait été utilisée que trois fois jusqu’à présent : en trans light blue pour les cockpits dans les sets LEGO City 60349 Lunar Space Station et 60350 Lunar Research Base, et justement déjà en dark orange pour la fusée du set 60351 Rocket Launch Centre.
Les dimensions restent relativement raisonnables, notamment au niveau de l’emprise au sol : avec 27 cm de large par 30 cm de profondeur, il n’est pas trop compliqué de lui trouver une place pour l’exposer.
On ne va pas se mentir, le montage est évidemment répétitif, mais c’est le sujet qui veut ça : les 20 premiers sachets sur 27 sont consacrés à l’assemblage du pas de tir, c’est assez révélateur ! Cela se voit d’ailleurs bien quand on ouvre la boite, avec la couleur des pièces dans les sachets : le pas de tir est surtout constitué de gris clair et gris foncé, quand la fusée est principalement en blanc et dark orange.
Le dessus de la base n’est pas gris comme en vrai, mais dark tan. Le designer m’a dit qu’il s’était inspiré d’une photo où une couche de sable s’était déposée ainsi et donnait vraiment ce look dark tan qui fonctionne bien en complément du gris. La NASA n’a pas retoqué l’idée, elle a donc terminé dans le set final. De la même façon, deux des côtés sont un peu plus aérés qu’en vrai, avec des ouvertures et des tuyaux visibles : l’objectif était d’apporter davantage de détails et de variété dans la construction plutôt que d’avoir un gros bloc un peu triste.
La base est suffisamment large pour apporter une bonne stabilité à l’ensemble, avec en plus de nombreuses pièces 2×2 arrondies en dessous pour bien répartir le poids et pouvoir faire glisser facilement tout ça. On notera au passage un petit easter egg pendant le montage : le fournisseur de carburant est ce bon vieil Octan !
La structure de la tour est solidement ancrée dans la base, c’est simple mais particulièrement efficace : l’ensemble est bien rigide et vous n’aurez à aucun moment peur de le faire tomber, ça n’est pas un château de cartes. Et le cÅ“ur de la tour est plutôt bien intégré au centre, visuellement c’est propre.
La douzaine d’étages à construire est répétitive, puisqu’il faut refaire à chaque fois exactement (ou presque) la même chose, avec les mêmes sous-assemblages à faire plusieurs dizaines de fois. C’est un peu le syndrome de la tour Eiffel LEGO Icons 10307 Eiffel Tower : l’expérience de construction est répétitive, on le sait dès le départ, mais on s’accroche parce qu’on sait que le résultat final en vaudra la peine. Et heureusement on y passe ici quand même beaucoup moins de temps que sur la Tour Eiffel !
La structure de la tour aurait pu être gérée en LEGO Technic, mais le designer m’a dit avoir préféré partir sur une version System pour la cohérence globale de l’ensemble. Cela apporte aussi davantage de finesse au niveau des croisillons par exemple. Le gros tuyau rouge sur l’un des côtés apporte aussi du contraste avec la structure grise, et j’aime bien la façon dont sont gérés les tuyaux de l’autre côté, c’est propre.
Une fois la base terminée, on commence à prendre conscience de la taille de l’ensemble. Ce n’est pas à l’échelle de la fusée 21309 / 92176 NASA Apollo Saturn V et encore moins de la navette spatiale 10283 NASA Space Shuttle Discovery, mais ça en impose quand même.
La construction de la fusée occupe seulement les 6 derniers sachets de la boîte. Rien de révolutionnaire ici niveau technique de construction : le corps principal est en SNOT, avec de nombreuses curved slopes 2 x 2, et les propulseurs latéraux sont un empilage / enfilage de pièces rondes le long d’un long axe LEGO Technic. C’est bien moins technique que certains précédents modèles NASA, même si encore une fois c’est le sujet qui veut ça.
Les boosters sont simplement attachés par des clips, ceux qui veulent rejouer l’ensemble du voyage d’Artemis pourront le faire, puisque la tête de la fusée contient le petit vaisseau Orion, qui peut aussi être sorti pour être exposé sur un petit stand, pourquoi pas.
L’échelle permet ici d’avoir un rendu tout à fait correct, même si la construction est beaucoup plus simple que la fusée Saturn V, mais le gros problème de cette boîte à mes yeux est ailleurs : même si certaines pièces de la fusée sont tampographiées, elle nécessite d’y coller 26 des 27 stickers présents (le dernier étant pour la petite plaque de présentation avec les informations habituelles).
Vous savez déjà ce que je pense des stickers sur les modèles d’exposition, c’est une mauvaise idée, ils finiront forcément par souffrir et mal vieillir. On retrouve en plus l’habituel problème de différence de teinte entre le blanc des pièces et le blanc plus blanc des autocollants. Et en plus ils ne sont pas tous évidents à coller, certains devant être centrés sur des pièces bien plus grandes qu’eux. J’aurais préféré que quelques détails sautent mais que toutes les pièces soient tampographiées, mais le designer a avancé les habituelles raisons budgétaires, c’est dommage.
Autre souci : l’espacement non régulier des lettres « N AS A » sur les deux boosters, le nom de l’agence spatiale américaine étant constitué à chaque fois de trois autocollants. C’est le même problème que dans le set Harry Potter 76417 Gringotts Wizarding Bank Collectors’ Edition, ça n’est vraiment pas génial.
Au-delà de ça, le résultat est plutôt réussi, avec en plus quelques cercles orange qui apportent du contraste comme sur le vrai lanceur SLS. LEGO a enrichi les instructions avec des petites infos à différents endroits (ici c’est la couche isolante qui réagit à la lumière du soleil et qui apparait plus claire là où elle est le moins épaisse), c’est toujours un bonus intéressant sur ce type de modèle.
Les détails ont été bien soignés, comme avec le cercle noir en haut du booster gauche (qui permet de savoir dans quel sens est la fusée, même lorsqu’elle est en vol) ou encore les petits repères noirs et blancs qui permettent de la suivre automatiquement.
La fusée vient prendre place sur son pas de tir en se fixant simplement par un tenon de chaque côté au niveau des bras de la tour de lancement. Ça a l’air léger, mais cela suffit parfaitement à bien la sécuriser, elle ne tombera pas au moindre courant d’air.
Et en bas, la forme de la base est pensée pour accueillir et sécuriser le bout des réacteurs. Le designer a insisté sur ce point en expliquant que cela permettait de l’empêcher de tomber en cas de léger déséquilibre (ceux qui ont un chat savent de quoi je parle), même si les bras en haut n’ont pas été attachés, sans pour autant nuire à l’esthétique.
Deux parties sont mobiles au niveau de la tour : la passerelle d’accès, et les différentes connexions dont le mouvement est synchronisé.
Un point amusant concernant le designer du set, Hans Burkhard Schlömer : ses précédents projets sont très différents, puisqu’il n’intervenait pas jusque là dans la gamme LEGO Icons mais sur d’autres types d’engins spatiaux : il intervient habituellement sur la gamme LEGO Star Wars, et est notamment le designer des sets Ultimate Collector Series 75367 Venator-class Republic Attack Cruiser, 75309 Republic Gunship, 75275 A-wing Starfighter, 75222 Betrayal at Cloud City, 75192 Millennium Falcon et 75060 Slave I, en plus de nombreux playsets.
En pratique, cela n’a pas forcément changé grand chose pour lui : que ce soit un vaisseau Star Wars imaginaire ou une vraie fusée, l’approche est la même. Il y a beaucoup de matériel existant qu’il faut analyser pour trouver la meilleure façon de reproduire au mieux le modèle, puisque les fans regarderont de près le résultat final. Et il y a aussi un partenaire pour valider le résultat, même si la NASA était visiblement plus facile à vivre que Disney.
Il n’a d’ailleurs pas tout à fait commencé de zéro, puisqu’il y avait déjà un premier « brouillon » de modèle quand il a rejoint ce projet. Cela illustre le fonctionnement des équipes de designers de LEGO, qui ont également du temps libre à côté de leurs projets « officiels » pour travailler sur d’autres idées. Et quand l’une de ces idées semble prometteuse et va dans le même sens que ce que les équipes marketing ont en tête, cela peut devenir un projet officiel et un designer y est affecté. Pas forcément celui qui avait travaillé sur le premier jet, cela dépend des sujets, ce qui a donné l’opportunité ici à Hans de sortir de sa gamme de prédilection !
Le plus gros challenge de son côté a plutôt été à la fin de la phase de design, lors des allers-retours avec l’équipe en charge de concevoir les instructions et le découpage de l’expérience de construction. Il a dû revoir la conception de certaines parties pour coller avec le cheminement souhaité pour la notice, ce qui n’était pas toujours évident puisque cela obligeait parfois à retravailler bien plus que le petit bloc en question.
Nous avons enfin échangé sur le choix du modèle : ce lanceur SLS Block 1 n’est que la première étape pour la NASA, et LEGO a préféré se concentrer sur celle-ci plutôt que de proposer l’une des prochaines versions pour deux raisons. D’abord parce qu’elle est d’actualité aujourd’hui, mais aussi parce que les futures versions sont plus grandes et nécessiteront de concevoir un nouveau pas de lancement. Mais je suis sûr que certains se lanceront le défi de modifier le set au moment voulu.
Au final, le résultat a fière allure et en impose, tout en restant relativement facile à exposer vu son encombrement au sol limité : je trouve que l’échelle est un bon compromis entre taille et détails, et les fans de conquête spatiale devraient assez facilement craquer pour compléter leur collection avec cette jolie maquette. J’adore ce sujet donc je ne suis peut-être pas parfaitement objectif, mais ce sera de toute façon probablement le cas de la majorité des acquéreurs de cette boite.
Néanmoins, l’expérience de montage n’est pas aussi passionnante que pour les précédents sets NASA (petite pensée pour l’excellente navette spatiale 10283 NASA Space Shuttle Discovery !) : elle est ici évidemment bien répétitive, comme on peut s’en douter, et les deux tiers du temps de construction sont en fait consacrés au pas de tir. C’est le sujet qui veut ça, et j’apprécie quand même d’avoir une proposition différente des précédentes. Ceux pour qui c’est le résultat final qui prime arriveront à fermer les yeux sur ce côté répétitif, ce sera plus compliqué pour les autres.
Mais le principal point noir du set à mes yeux, c’est surtout le nombre de stickers à coller et les problèmes inhérents habituels : sur un produit d’exposition premium comme celui-ci, on ne peut que regretter de ne pas avoir un modèle intégralement tampographié, c’est vraiment dommage.
Retrouvez ce set LEGO Icons 10341 NASA Artemis Space Launch System sur la boutique en ligne officielle LEGO. Merci à LEGO pour la mise à disposition de ce produit pour ce set.
Belle piece(s)
La saturn V a fait un carton notamment, mais attention elle faisait 1 metre de long et 120 balles
Joli mais ce n’est pas le Saturn V! Merci pour cet article et l’interview. Vous avez bien réussi à aligner vos stickers!
Trop de stickers, trop cher, sans moi.